1984
De George Orwell, traduit de l'anglais par Amélie Audiberti.
Présentation:
" De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée. "
Pourquoi?
Ce roman est une référence, il fait partie de ces livres qu'il "faut" lire pour s'en faire un avis par soi-même, pour être inclus dans "le club de ceux qui ont lu untel ou untel".
Si, si, ce club existe vraiment : quand vous dites que vous êtes un gros lecteur et que votre interlocuteur vous demande "et untel tu l'as lu?" jusqu'à trouver LE livre que vous n'avez pas encore lu mais lui si, semble-t-il exprès pour vous regarder de haut avec un air de dégoût, parce que vous n'êtes rien si vous n'avez pas lu CE livre... Voilà le club.
Désolée, je suis partie dans mon délire !
Je voulais lire ce livre tout simplement parce que je n'aime pas les avis préconcus, j'aime me faire mon avis par moi-même. J'aime lire et ce livre étant une référence pour beaucoup, je voulais le lire.
Seul souci, j'ai mis plusieurs mois à le trouver. Jusqu'à ce que je réussisse à m'adresser à une vendeuse (parce qu'à la Fnac, vous pouvez dire, mais ce ne sont pas des libraires, ce sont des vendeurs) (et en plus celle-là avait oublié son amabilité chez elle). Je ne cherchais pas dans le bon rayon!
Nan mais aussi, vous iriez cherchez ce roman chez les "contemporains anglophones" vous?
Mon avis:
C'est spécial comme roman. Par moments j'avais plus la sensation de lire un traité sur la société décrite qu'un véritable roman.
Le texte est divisé en trois parties.
La première décrit principalement le monde qui entoure Winston, le personnage principal. Il ne se passe pas grand chose.
Dans la deuxième arrive l'élément perturbateur, Julia. Il ne se passe pas grand chose non plus, mais les éléments se mettent en place. On est toujours dans la description du monde en 1984.
C'est dans la troisième partie que le récit est enfin prépondérant. C'est aussi la partie la plus courte des trois.
En fait, l'auteur aurait voulu s'en tenir uniquement au récit et à l'intrigue que la taille du roman aurait été diminuée de moitié. Mais ce n'est pas le cas. On sent tout au long de la lecture que l'auteur a voulu que l'ensemble soit tel qu'il est, non pas seulement une intrigue intéressante mais une réflexion autour d'une forme de société.
Ce monde là, cette société là, est effrayante dans ses similitudes avec la notre et dans la possibilité que nous pourrions facilement dévier vers elle.
Il faut savoir que la première publication date de 1950. L'an 1984 était alors le futur. Mais l'imagination de l'auteur a si bien fait qu'on croirait qu'il a eu une vision de notre monde et s'en est inspiré pour son roman!
Pas une seule fois je n'ai senti que le texte était dépassé ou vieux. Au contraire, je changeais parfois les dates dans ma tête pour mieux m'impliquer : 1984 devenait 2084. Outre les dates, rien n'est vieux.
L'univers est donc dominant ici, mais l'intrigue n'en est pas moins sympathique. Le final est saisissant. Une fin fermée.
J'ai aussi remarqué l'appendice en fin d'ouvrage. Il fait partie du texte. Et il est écrit au passé. Chacun pourra en tirer ses conclusions sur l'avenir de cet univers. Une fin ouverte.
Deux fins donc, l'une concernant le personnage principal, l'autre la société de 1984.
Ce personnage principal, Winston, est un peu notre alter-ego dans cet autre monde. Il réagit et surtout réfléchit comme nous le ferions, nous petits êtres d'une société qui n'a pas encore évolué vers 1984. En cela, la fin le concernant nous concerne particulièrement nous aussi.
En bref : je suis contente de l'avoir enfin lu, mais ce n'est pas de ces livres que j'aurais plaisir à relire de nombreuses fois.